L’enfant travesti
- De Jean-Luc Seigle
- Editions Flammarion
- Date de parution : mars 2021
Présentation
Jean a cinq ans en 1960 et vit avec ses grands-parents sur la place du village de Vic-le-Comte, en Auvergne. Louise, sa mère, travaille en ville toute la semaine, et à son retour le week-end, elle le déguise, s’adresse à lui uniquement au féminin.
D’une beauté à couper le souffle, elle est sans mari et convoitée par tous. Jean admire sa tante Véronique, «la divorcée», qui lui rappelle à chacune de ses trop rares visites qu’il est bien un garçon et non une fille. Le sexe de cet enfant est donc un enjeu pour ces femmes. Le jour où Louise décide de se marier, Jean comprend qu’il ne vivra plus avec sa mère. Il est temps de lui dire la vérité.
Dans ce premier tome de la trilogie inachevée La Beauté des femmes, Jean-Luc Seigle, décédé en mars 2020, s’inspire de son enfance pour mieux «faire sentir l’onde de choc de la grande histoire sur les vies ordinaires, à travers les générations».
Le petit mot de Nathalie
Bouleversée…
Je viens de tourner la dernière page de « l’enfant travesti » de Jean-Luc Seigle… Je voudrais ne pas l’avoir encore ouvert ! Je voudrais pouvoir encore le découvrir !
C’est la première fois que je lis cet auteur, et j’ai commencé par le livre qu’il a « presque » fini juste avant de mourir…
Un enfant de six ans, lui sans doute, presque…
Une place, comme un personnage dont la bouche serait cette fontaine asséchée au milieu
Une famille ; une mère, jeune, belle, trop… une tante, des grands-parents.
Comment vous les décrire en quelques mots, comment leur rendre justice ? Rose la grand-mère dont on découvre le parcours, la puissance du militantisme…. Comme un amant ou une maitresse découvre le corps de l’être aimé
D’une écriture, belle, forte, aérienne et presque liquide, il nous décrit les affres de son enfance entre cette mère instable qui l’habille et l’éduque comme une fille, une grand-mère aux conviction ancrées et profondes qui attend une révolution, un grand-père silencieux et droit…
Chacune de ces personnes prend vie, devient notre, notre et intime. Elles s’inscrivent dans notre histoire, nos propres découvertes, politiques, sensuelles, artistiques et intellectuelles.
On voudrait cultiver notre jardin comme ce grand-père, on voudrait relire Anna Karénine, ou crime et châtiment pour se rapprocher de Rose…
« … Vois-tu Léon, l’avantage avec les livres, à la différence de la vie il faut bien le reconnaitre, c’est qu’on peut revivre toutes sortes de choses en les relisant. »
Je ne parviens pas à quitter cette place d’un village de France et l’histoire de ce petit garçon qui tente de grandir au milieu d’adultes aimants, parfois dysfonctionnels, charismatiques et mystérieux…