L’oiseau sur la pierre écarlate
- De Sonia Schubert
- Editions Terres du Couchant
- Date de parution : avril 2022
Présentation
Tous ont quitté le village sauf lui. La fontaine s’est tarie, la neige a quitté la place, alors quand un morceau de la montagne a dévalé la pente jusqu’à la route, quand la boue a coulé dans les maisons, ils sont partis. Lui est resté car il est là au coeur de son monde.
Il poursuit comme avant ses courses effrénées à travers l’espace grand ouvert, se mêlant aux nuages et aux arbres, cueillant le ciel et ses oiseaux, croisant la piste des loups. Il sait qu’il est maintenant le seul dépositaire de lourds secrets enfouis depuis longtemps, prêts à ressurgir…
Le petit mot de Nathalie
« Ils ne reviendront pas. On dit que la source a tari. Il n’y a plus d’eau là-haut, c’est tout. Ils ne reviendront pas. »
En quelques mots, quelques lignes, nous voilà pris !
Qui, ils ?
Est-ce si sûr qu’ils ne reviendront pas ?
Où ?
Le livre de Sonia Schubert, son second aux Editions du Couchant, ne se donne pas. Il faut aller à sa rencontre, il faut se donner la peine de le prendre, de lui tourner autour, de le humer… comme on sentirait l’air de la montagne, sans pouvoir deviner à quoi ressemble la vallée de l’autre côté du sommet. Il ne faut pas vouloir aller trop vite ; c’est lui qui donne le rythme, le LA.
Alors on ralentit sa lecture et on hume les mots, les tournures, les répétitions. On est à l’affût, on attend que « s’évapore la rosée recueillie par les fibres du tissu. La rosée en fine couche déposée dans le creux de l’aube. »
Le récit prend des chemins de traverse et, c’est doucement, au rythme de la marche lourde en raison d’un sac trop plein qui cahote d’une hanche à l’autre, que peu à peu les personnages prennent vie, épaisseur. Peu à peu le drame se joue devant nous dans un clair-obscur de fin de journée.
Je ne vous dirais rien de l’histoire… Sinon que la montagne, la nature, les odeurs et le regard y jouent un rôle essentiel.
Puis l’écriture qui sait nous cueillir tout en nous maintenant à distance pour mieux nous envelopper. On sent la boue, la chaleur et le froid, on voit la lumière dans l’air. Ce livre parle aussi de la terre ; celle qui sèche et crisse sous nos pas. Ce livre parle des silences et de la solitude. Ce livre parle de la montagne et des loups…
L’écriture de Sonia Schubert devient physique, charnelle parfois… comme chez Giono.